Et la dyscalculie ?
Les formules mathématiques peuvent être très éloignées de la réalité si l'on ne sait pas faire le lien.
La dyscalculie, les troubles de l'attention, la dyslexie sont en fait les différentes facettes d'une même situation.
On est en présence d’une pensée essentiellement non verbale, dite pensée en "images", d'une grande puissance d'imagination débordante dans un univers en 3 dimensions.
Cette imagination peut se mettre en marche automatiquement et très rapidement en cas d'informations sensorielles déroutantes (comme des symboles mathématiques écrits sur une page), pour chercher à comprendre ou à contourner cet obstacle. Elle devient désorientation, parade mentale naturelle face à ces difficultés, méthode créatrice pour contourner ces situations.
Les mathématiques ont été créées pour représenter une certaine réalité. Par exemple une addition peut se faire avec deux groupes de feutres...
Cependant, il est possible en classe d'introduire des notions mathématiques en utilisant cette pensée non verbale pour en faciliter la compréhension et l'appropriation. Il se crée un échange plus riche, petit à petit les enfants osent partager leurs idées, n'hésitent plus à dire "là, je ne comprends pas" espérant bien que quelqu'un leur enverra de quoi construire l'image qui leur manque.
Et lorsqu'un enfant qui se considère "nul en math" dit "je viens de comprendre !", le visage s'illumine et le passage à l'écrit peut s'envisager. Car bien souvent, il faut remédier à une dyslexie ou une dysorthographie auparavant.
Cependant en permettant à l'enfant de comprendre son mode de pensée, avec ses avantages et ses inconvénients, en respectant ce mode de pensée, il est agréable et encourageant d'entendre un enfant "fâché" avec les maths dire "j'aime bien les maths !". La puissance d'imagination de ces enfants et leurs désorientations spontanées entraînent une perception déformée de l'environnement réel, en particulier il peut en résulter une conception incorrecte du temps et de la conséquence. Or les mathématiques sont l'art de faire des liens logiques et ces notions sont vitales pour cela.
Par exemple : "Prendre les 3/4 d'un gâteau".
Il y a un état initial : le gâteau; un état final : les 3/4 du gâteau. Mais l'état initial a subi une transformation, il y a un lien entre ces deux états.
Ce lien consiste en 2 transformations successives :
1- partager le gâteau en 4 parts égales,
2- puis prendre 3 parts
On peut de la même manière, à l'aide de ces 2 transformations successives imaginer 5/4.
De plus, ces deux actions se font en ordre inverse de ce qui est dit et écrit.
Si la conception du temps et celle de la conséquence sont incorrectes pour un enfant doué d'une grande faculté de désorientation et d'imagination, il peut imaginer uniquement l'état final et comprendre qu'il y a 3 parts faisant partie des 4 possibles. Alors 5/4 ne pourra pas exister pour lui, ni les 3/4 de 25 billes. Les fractions resteront un mystère peut être, en tout cas une farouche bête noire.
L'arithmétique est comme une boite à outils permettant d'explorer les liens logiques des mathématiques sans se tromper de liens.
La pensée non verbale permet de visualiser facilement les principes mathématiques même lorsque les concepts sont difficiles à expliquer avec des mots. Elle est adaptée à la compréhension de l’arithmétique.
Mais en classe, la seule façon de transmettre ces principes est verbale ! Que ce soit pour l'enseignant, ou que ce soit pour l'élève afin de restituer et montrer ses connaissances.
Le but du stage de dyscalculie est d'aider l'élève à faire la transition entre sa pensée non verbale et l'expression orale ou écrite de celle-ci, nécessaire en mathématiques.
Claudine Clergeat Facilitante Davis