Un bon objectif ?
Certains parents d'enfants dyslexique ont pour leur enfant comme objectif : aimer lire.
La motivation de ces parents est très compréhensible et louable, le parent qui adore la lecture a souvent du mal à accepter que son enfant ne lui ressemble pas sur ce point. Le parent-qui-aime-lire trouve son monde imaginaire dans les livres, pouvant parfois s'y perdre ou s'y ressourcer, y trouver source d'inspiration ou de détente.
Ce parent là ne se réalise peut-être pas que son enfant fait la même chose, mais sans le recours aux livres, par la seule exploration de son propre monde imaginaire.
À qui est l'objectif : aimer lire ?
Si un enfant vient faire avec moi un stage de correction de la dyslexie avec comme objectif : aimer lire, je ne peux que l'en féliciter. Parce que je suis alors certain d'obtenir d'excellents résultats du stage.
Ce n'est pourtant pas souvent un objectif exprimé par le stagiaire. Six mois après le stage, l'une de mes stagiaire jeune adulte m'a envoyé un SMS plein de fautes d'orthographes dans lequel elle m'écrivait : "Je voulais juste vous remercier car je suis tombée amoureuse de la lecture, et ça en partie grâce à vous." Un grand bravo à cette jeune adulte !
Le risque encouru
Soyons clair : dans notre monde moderne, entourés que nous sommes d'images, de multi-média, de pages internet et autres sources visuelles d'information, inspiration, distraction, je pense qu'il n'y a aucune obligation à aimer lire.
Il est par contre indispensable de savoir lire facilement pour comprendre une consigne, une indication, le fonctionnement d'une machine, la direction à suivre etc. La lecture, accessoire au moyen-âge, est devenue un atout incontournable.
Mais si le parent-qui-aime-lire prend cet objectif pour son enfant, même si l'objectif n'est pas formulé, voire complètement inconscient, le risque est très grand de braquer et bloquer l'évolution de l'enfant, qui se sent alors jugé, dévalorisé de son manque d'appétit pour les livres, forcé de faire quelque chose d'inacceptable et difficile pour lui. Bref, le meilleur moyen de saboter un stage, malgré de très bonnes intentions.
Alors, si vous êtes un parent-qui-aime-lire, soyez assuré que votre enfant a accès à des mondes imaginaires, même si ce n'est pas de la même manière que vous-même...