Le syndrome de l'adjectif épithète
Quel étrange titre, relier "adjectif épithète" à un syndrome, un traumatisme... Selon le dictionnaire Larousse en ligne, un syndrome au sens figuré est "Ensemble de comportements particuliers à un groupe humain ayant subi une même situation traumatisante".
Voici l'histoire d'une jeune fille de 9 ou 10 ans, Sylvie (pas son vrai prénom) qui était en stage de correction de la dyslexie. Tout allait pour le mieux. Sylvie était très enjouée, volontaire, avec une grande envie de progresser et d'apprendre. Bref, le stage "facile".
Parmi ses objectifs de stage était l'apprentissage de la grammaire. En effet, ses évaluations scolaires montraient des lacunes dans ce domaine et elle avait une grande envie de s'améliorer. Donc, après avoir découvert et maîtrisé une grande partie des outils Davis, j'ai donc lancé une petite phrase que je pensais sans grand impact : "Bien, nous allons maintenant voir l'adjectif épithète".
Impact émotionnel intense
La grammaire peut être source de beaucoup de frustration et de colère.
Le changement d'humeur fut immédiat. Comme dans certains films ou contes dans lesquels le gentil personnage se transforme en abominable méchant. Sylvie s'est mise en colère, refusant d'écouter, de rester à la table de travail. Bref, un changement impressionnant.
Pour faire court, après beaucoup temps et d'énergie passée à calmer la situation, Sylvie a bien voulu ré-ouvrir une brèche dans la muraille de protection qu'elle s'était construite. J'ai alors pu lui glisser que "épithète" veut simplement dire "ajouté" en grec (voir Littré), et que si l'on enlève cet adjectif épithète, la phrase garde alors presque le même sens. En bref, c'est un adjectif facultatif.
Elle m'a soudain regardé d'un œil à nouveau très attentif et s'est exclamée "Mais c'est tout ? Alors pourquoi on n'appelle pas ça un adjectif facultatif, ce serait tellement plus simple !"
Remèdes simples
Encore une fois dans cet exemple comme dans presque la totalité des réactions émotionnelles extra-fortes que j'ai pu rencontrer dans ma pratique, l'origine du problème est seulement une image qui manque et qui provoque une forte désorientation.
Alors comment y remédier ? L'une des solutions serait de changer la grammaire : "Mesdames et Messieurs les académiciens, pourriez-vous renommer cet adjectif en 'adjectif facultatif' ?"
Une autre solution, meilleure à mon sens, serait simplement d'aider les élèves à construire les images qui représentent le sens des éléments de la grammaire. Ce n'est pas si difficile, et tellement plus efficace... À vous de jouer